Rencontre avec Aurélie, aka LilySimplicity sur Instagram. Qui est Aurélie ? Aurélie, c’est cette réunionnaise qui a pris la décision de tout chambouler. Remettre en question un chemin qu’elle pensait tout tracé, des études, du temps, des choix pour se consacrer à sa passion.

Aurélie a grandi dans l’ouest de La Réunion. Bonne élève, sérieuse, introvertie, elle se qualifie de « scolaire ». À 15 ans, elle se voit journaliste mais auto-sabote ce plan car elle estime que sa personnalité ne correspond pas à ce métier. Avec le recul, elle réalise maintenant qu’on pense souvent à tort qu’on ne peut pas dépasser les étiquettes que la société nous colle au dos, implicitement. Cette fameuse impression de devoir « rentrer dans un certain moule pour réussir à suivre telle ou telle voie ». Persuadée que le journalisme n’est pas fait pour elle, elle finit par adapter son projet professionnel en fonction de ce qui l’intéresse et ce qui pourrait correspondre à son profil. La réponse : les institutions publiques, les collectivités, les territoires, …

Après une année de prépa littéraire qu’on pourrait qualifier de traumatisante, elle « saute la mer[1] » fin 2008 et s’installe à Rennes. S’en suivent deux années de droit et un Master de Sciences politiques, spécialisé en évaluation des politiques publiques. Une voie « toute tracée » pour réussir le fameux concours d’Attachée territoriale (graal pour pouvoir revenir s’installer « facilement » à La Réunion).

Après le master, direction Nantes pour une année de préparation aux concours. Il faut savoir que ce concours (seul concours qui l’intéresse) n’a lieu que tous les deux ans. Il a fallu, entre temps, commencer à travailler : elle enchaine donc plusieurs remplacements dans la fonction publique en gestion de subventions ou prévention de la santé, entrecoupés de périodes de chômage.

Désillusions

En apparence, tout semble parfait. Elle suit le chemin qu’elle s’est tracé. La « suite logique » de son parcours, de ses efforts, de ses sacrifices, dans l’attente (l’espoir) d’obtenir le fameux concours. Et pourtant, une grosse ombre au tableau. Elle ne réussit pas le concours. Pire, elle ne se sent pas épanouie. Aucune passion. Aucune envie. Aucune motivation. Et, inévitablement, s’en suit une grosse remise en question.

« J’avais aussi l’impression que je ne pouvais pas être moi même, que mon côté réservé et discret posait problème à mes collègues et à mes supérieurs. J’avais beaucoup idéalisé ce choix de carrière. Cette image parfaite que je m’étais faite ne correspondait pas à la réalité du terrain. Je sentais au fond de moi que je n’avais pas atterri au bon endroit. »

Et comme une évidence qu’elle ne peut plus nier, elle réalise qu’elle s’est planté de chemin ! Une évidence qui vient, malheureusement, avec son lot de culpabilité : comment ai-je pu me tromper ? pourquoi n’ai-je pas réussi à faire le bon choix de carrière du premier coup ? 

My Little Plant : la renaissance

Et en mars 2020, Aurélie se lance. Elle devient auto-entrepreneure et ouvre My Little Plant un e-shop d’accessoires pour plantes[2]. Elle devient simultanément gérante d’entreprise, communicante, vendeuse, gestionnaire des stocks, commerciale, comptable, etc.… Et contre toute attente : énorme soulagement… au début. Puis, viennent les angoisses, la peur, les doutes, le stress.

La solution ? Oser croire en soi.

« J’ai décidé de faire un gros travail sur moi-même pour dépasser tout ça et continuer à avancer malgré tout. Je me suis dit : « la peur, les doutes, le stress, tout ça, ce sera toujours là, mais j’avancerai quand même », et c’est ce que j’ai fait. »

Exemple de sa résilience et détermination : elle a lancé son shop en pleine crise Covid-19 et surtout, au début du confinement ! Malgré l’incertitude de la période, elle a décidé de se lancer, d’avancer, d’oser croire en son projet. D’oser croire en elle. Et c’est avec le soutien de ses proches, notamment son mari et sa sœur, que My Little Plant voit le jour.

Une passion pour les plantes qui fait partie de son ADN.

Ayant grandi dans un magnifique jardin créole entre bougainvilliers, fougères, frangipaniers, orchidées ou encore hibiscus, Aurélie (tout comme sa famille) a toujours aimé les plantes. Mais comme beaucoup, elle pense ne pas avoir la main verte. C’est grâce à un Monstera Deliciosa qu’elle a réalisé que « tout pouvait s’apprendre ».

Un an après le lancement de son shop, la passion est toujours présente et ne fait que grandir. Son projet a reçu un très bon accueil et Aurélie vit cette nouvelle aventure intensément (comme son île).

Mais dans tout ça, est-ce qu’elle regrette le « temps perdu » dans ses études et ses premières expériences dans la fonction publique ? La réponse est non. Pourquoi ? Parce qu’elle estime que toutes ces expériences ont contribué à faire d’elle la personne qu’elle est aujourd’hui. Ces expériences l’ont amené « exactement à l’endroit où [elle devait] être aujourd’hui. »

Et maintenant, quand elle parle de misère, elle ne fait pas référence à son désarroi mais à de jolies plantes !

Aurélie, c’est l’histoire d’une petite plante réunionnaise, qui a affronté un long hiver mais qui a su se défaire des mauvaises herbes pour s’épanouir et dévoiler toutes ses couleurs.


La rédaction : en une phrase, qu’est-ce qui caractérise pour toi le fait d’être réunionnaise ?

Aurélie : Pour moi être réunionnaise, c’est avant tout d’être tolérante et ouverte d’esprit. Les différences sont une force sur notre territoire. Être réunionnaise, c’est aimer aller à la découverte de l’autre, de sa culture, sans jugement. Notre métissage est notre plus grande richesse.

Question bonus : Quelle plante représente le plus La Réunion ?

Aurélie : Le flamboyant.


[1] Expression créole pour parler de réunionnais quittant l’île pour s’installer en France.

[2] My Little Plant propose également la livraison vers La Réunion ! Rendez-vous sur @mylittleplant !