Le portrait du mois revient chez R Le Mag avec la talentueuse Myriam qui nous dévoile son parcours, son art et la passion qu’elle lui porte au quotidien à travers Nibline Studio.
Chez R Le Mag on aime rencontrer des femmes comme Myriam, des artistes et femmes d’affaire accomplies qui assument de vivre pleinement leur passion. Elles inspirent forcément. Elles donnent du courage à celles qui n’osent pas tomber les barrières, celles qui s’enferment dans les conventions par peur des qu’en-dira-t-on. Ces femmes qui osent, sont les pionnières d’une vague forte et féministe qui s’empare petit à petit de l’île et pour ça on dit OUI. On le crie même et on pousse, on aide nos sœurs à s’élever parce que si ce n’est pas nous, qui le fera ? Les Réunionnaises ensemble, filles du volcan un jour, filles du volcan toujours.
Réunionnaises Le Mag – En quelques mots, peux-tu te présenter ?
Myriam – Je m’appelle Myriam, j’habite à la Réunion et je suis directrice artistique et artiste depuis plus de 4 ans.
R Le Mag – Tu es une artiste, qu’est ce qui t’a poussé dans cette direction ? Était-ce ton premier choix de vie ou le fruit d’une reconversion ?
Myriam – Depuis toute petite, j’ai toujours aimé le dessin, la peinture, la pâte à modeler, toutes ses activités manuelles créatives. Je me souviens du moment où j’ai appris que l’on pouvait vivre de sa passion, cela remonte au collège. Nous avions eu une « journée des métiers » et, là, un directeur artistique nous parle de son métier, nous montre ses réalisations… C’est à cet instant que je m’étais dit : c’est le métier de mes rêves ! Mais voilà, mon parcours scolaire m’a orientée vers le marketing et le commerce. À 19 ans, je quitte la Réunion pour m’installer à Paris. J’essaie de poursuivre mes études et d’y travailler. Je me retrouve, alors, conseillère financière, commerciale, vendeuse jusqu’à mes 22 ans. Il a fallu qu’on me propose un CDI pour que je me rende compte que le métier de mes rêves était loin derrière moi ! Donc, dans la plus grande folie, je refuse et fonce vers des concours d’entrée d’école d’art. À ma grande surprise, je suis acceptée, j’ai même le choix de choisir l’école que je souhaite. Alors je m’inscris avec un gros crédit étudiant sur le dos et j’attaque 4 longues années de travail, d’alternance, de nuits blanches, et de passion ! À la fin de mes études, je me mets à mon compte et deviens Graphiste Freelance. Le rêve !
Mon parcours atypique m’a forgée, m’a aidée à avoir confiance en mon travail.
R Le Mag – Raconte nous la création de Nibline Studio ?
Myriam – J’ai créé Nibline Studio, afin de lier Graphisme et Art. Cela me permet de travailler avec de grandes marques et j’ai eu l’occasion d’exposer à Paris, à Colmar, en Espagne, à Milan… La peinture est pour moi, un deuxième moyen d’expression plus libre et sans contrainte client.
R Le Mag – Quelles sont tes inspirations lorsque tu produis ? Tes origines influencent-t-elles ton art ?
Myriam – Je puise mes inspirations dans mes souvenirs, mes voyages, et surtout de l’île de la Réunion. Être réunionnaise m’a permis de vivre dans cet environnement naturel rempli de couleurs et d’émotions. Ce lieu m’apprend à prendre conscience de ce qui nous entoure. La nature, ici, est immense, puissante et grandiose. Le monde naturel devient l’objet d’une analyse minutieuse, puis le sujet de mes œuvres originales. En conséquence, mes peintures se concentrent sur l’art botanique.
R Le Mag – Comment évolues-tu en tant que femme dans ce monde artistique, principalement patriarcal ?
Myriam – L’art est souvent vu d’un œil étrange, déconnecté et les grands de ce milieu sont surtout des hommes. Il en va de même dans le milieu du graphisme. Mais mon parcours atypique m’a forgée, m’a aidée à avoir confiance en mon travail. Alors même si je ne réponds pas aux critères classiques du milieu, je crée, je fonce et je suis mon instinct. Je pense que la détermination et le travail apportent une certaine crédibilité et par la même occasion une forme de respect.
R Le Mag – As-tu un modèle dans le milieu ? Qui et pourquoi ?
Myriam – Je suis fasciné par l’art, je ne peux que penser à Claude Monet, Mucha, William Morris… Ils ont su sublimer la nature dans leur tableau. Mais plus récemment, j’ai découvert Lilit Sarkisian qui a su, à mon sens, être une artiste complète. Elle réalise des compositions florales sur des murs, habille des restaurants et des produits de luxe, elle a créé sa marque de vêtements. C’est une vraie business women qui sait rester très discrète.
R Le Mag – Est-ce facile de vivre de son art et sa passion à La Réunion ?
Myriam – Non, malheureusement, il est n’est pas simple de vivre de son art à la Réunion. Il y a également peu de structures qui permettent de réaliser des expositions. Mais j’ai pu constater l’année dernière que la tendance change petit à petit. On a eu des salons, des marchés de créateurs. Des petites actions qui permettent de se montrer et de discuter avec les réunionnais et donc de les sensibiliser à l’art. Bien souvent, j’entends des discours tels que « les tableaux ce n’est pas fait pour moi», « c’est trop cher », « L’art, c’est bizarre », « seuls les médecins achètent des tableaux »… Actuellement, je vis de ma passion grâce à la métropole, mais j’espère ouvrir les esprits, faire pratiquer le dessin, de montrer tout ce que l’art peut nous apporter et que ce n’est pas un milieu fermé. Après tout, c’est La Réunion qui m’inspire donc je me dois d’apporter de la créativité et de l’émerveillement aux Réunionnais.
Ma passion pour l’art botanique à, quant à elle, apportée encore plus de sensibilité envers la nature et l’environnement.
R Le Mag – Tu exposes à l’étranger et tu travailles avec de grandes entreprises françaises, c’est un bel exemple de réussite pour les jeunes artistes locaux. Quel conseil peux-tu justement donner aux jeunes artistes qui rêvent de se lancer ?
Myriam – Le conseil que je peux donner, c’est d’être déterminé(e) et de ne pas avoir peur de travailler sans compter. Mon parcours m’a appris d’écouter ma passion, celle qui me prend aux tripes, et que si je ne fais rien, je n’ai rien. Alors il faut foncer !
R Le Mag – Depuis que tu exerces ta passion, qu’est ce que cela t’a réellement apporté ?
Myriam – Le fait de me dire : « je suis une artiste » était compliqué pour moi de peur de recevoir des critiques. Alors ma passion a forgé mon caractère d’entrepreneur. Elle m’a appris à avoir confiance en mon travail et à m’affirmer en tant qu’artiste. Ma passion pour l’art botanique à, quant à elle, apportée encore plus de sensibilité envers la nature et l’environnement. En tant que créative, je me suis rendu compte que j’utilisais beaucoup de produits chimiques et de papier. Alors j’essaie d’avoir au maximum des produits plus responsables (et locaux, quand c’est possible). Enfin, j’essaie d’être engagée en reversant également une partie de mes bénéfices à la plantation d’arbres dans la forêt sèche de La Réunion.
Merci à Myriam d’avoir pris le temps de partager un bout d’elle-même avec nous. Pour soutenir son travail, vous pouvez la suivre sur les réseaux sociaux : @niblinestudio sur Instagram et sur son site internet : www.nibline-studio.fr