« Non mais c’est juste de la chance », « Un jour ils verront qu’en fait je suis nulle », « Je ne mérite pas toute cette reconnaissance, au fond ce n’est pas grand-chose » … Cette sensation d’être soi-même une « arnaque » a un nom : le syndrome de l’imposteur. Zoom sur ce mal qui mine bien des esprits.

C’est quoi le syndrome de l’imposteur ?

Pour faire simple, c’est avoir constamment des doutes sur soi, ses capacités, ses compétences et surtout une anxiété à ce que quelqu’un finisse par découvrir « la vérité ».

Alors simple manque de confiance ? Trop de modestie ? Tout cela est bien plus complexe. Il y a une notion de légitimité qui s’invite, et donc de mérite. On navigue entre la peur de l’échec (« mon succès n’est pas mérité », « je suis nulle ») et la peur d’être démasquée (« ils ne vont pas tarder à s’en rendre compte »). Avec ça, arrivent la charge mentale et le perfectionnisme. Pourquoi ? Parce qu’il faut à tout prix tâcher de « rester à niveau », de maintenir un standard, et tenter de « justifier » le moindre mérite qui nous est accordé.

Quelques exemples :

  • Votre collègue vous félicite pour la stratégie que vous avez mise en place et vous demande des conseils. Votre réaction : vous vous dites qu’il exagère, que ce n’est pas « grand-chose », que vous avez « juste » fait votre boulot et qu’il verra un jour que quelqu’un d’autre le fera bien mieux que vous.
  • Vous dessinez et une personne vous demande si vous songez à commercialiser vos créations. Votre réaction : vous êtes gênée, après tout, vous n’êtes pas professionnelle, comment évaluer le prix de votre création alors que vous êtes « juste » amateur ?
  • Une part de vous souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat, dans votre domaine d’expertise pour lequel vous avez diplômes et/ou expériences. Votre réaction : vous doutez de vous en vous demandant pourquoi quelqu’un accepterait de vous payer 400€ par jour travaillé ?
  • Une amie vous complimente sur la superbe tenue que vous portez. Votre réaction : vous êtes gênée et vous vous sentez presqu’obligée de rajouter « ça, ce n’est pas grand-chose, je l’ai eu pour pas cher ».
  • Un manager vous confie une mission et il vous explique qu’il sait que vous êtes LA personne pour le job. Votre réaction : vous stressez. Vous ne vous sentez pas à la hauteur de la mission, il vous a clairement surestimée et il va se rendre compte que vous êtes nulle. Vous allez alors trainer et, prise de stress, tout faire dans le rush OU vous allez vous sur-investir, aller plus loin pour prouver votre légitimité.

Des exemples similaires, il y en a à la pelle ! Ce syndrome de l’imposteur peut s’avérer être un véritable frein à votre épanouissement professionnel et personnel !

Que faire ?

Il n’y a pas vraiment de remède miracle. C’est avant tout un travail sur soi. La réponse semble simple mais reste un travail sur le long terme : accepter les compliments et reconnaître sa valeur et ses compétences.

  • Quand votre collègue vous demande des conseils, acceptez le compliment et son appréciation de vos compétences. Partagez avec votre collègue votre savoir-faire et profitez de cet échange pour vous améliorer.
  • Lorqu’une personne vous suggère de commercialiser vos créations, acceptez le compliment. Cela signifie que quelqu’un estime que vos créations pourraient plaire à un plus grand public et que ce public serait prêt à payer. Réfléchissez à cette opportunité. Même si l’art est subjectif, cela signifie surtout que vous avez du talent.
  • Si vous hésitez à vous lancer dans l’entrepreneuriat, posez vous et dites vous que vous avez un parcours qui justifie votre expertise. Tout comme vous êtes prête à payer un coiffeur pour son expertise (parce que c’est un « pro »), soyez prête également à valoriser votre savoir-faire à un juste prix et non le sous-estimer.
  • Quand on vous complimente sur votre tenue, remerciez simplement la personne sans rajouter le prix de ladite tenue ou le fait qu’il s’agisse d’un « vieux truc ».
  • Votre manager vous confie une mission en exprimant sa confiance ? Remerciez-le et acceptez la mission sereinement. Si elle vous a été confiée, c’est que vous avez les compétences requises pour la mener à bien.

À titre informatif, le syndrome de l’imposteur, aussi appelé syndrome de l’autodidacte, a été identifié en 1978 par deux psychologues américaines, Pauline Rose Clance et Suzanne Ament Imes.