Anaïs Damour, entrepreneuse et naturopathe d’origine réunionnaise, partage avec nous son histoire, son lien profond avec son île natale et sa vision de la santé holistique. Rencontre avec une passionnée.  

Un parcours entre résilience et reconversion

R-le-mag : Pouvez-vous nous raconter votre cheminement avant de devenir naturopathe ?

Anaïs : « Originaire de La Réunion, j’ai grandi en métropole avant de m’envoler pour vivre à l’international, de Séoul à Shanghai, en passant par Francfort et Copenhague. Après des études en école de commerce, j’ai passé six ans dans le monde du consulting et des start-ups tech. Tout semblait parfaitement tracé, jusqu’à ce qu’un événement bouleverse ma vie : la perte de ma santé.

En 2019, à force de cumuler stress chronique, alimentation déséquilibrée, manque de sommeil et absence de frontière entre vie personnelle et professionnelle, mon corps a fini par lâcher. Je me suis retrouvée dans un état de fatigue extrême, avec des douleurs diffuses et une incapacité à marcher. Après des mois d’errance médicale, un diagnostic est enfin tombé : la thyroïdite d’Hashimoto, une maladie auto-immune.

Ne trouvant pas de réponses satisfaisantes dans le corps médical, j’ai entrepris de me soigner par mes propres moyens. C’est ainsi que j’ai découvert la naturopathie et les approches intégratives. Ce cheminement m’a permis de retrouver l’équilibre et m’a donné envie de partager cette expérience avec d’autres. »

Découvrez le site d’Anaïs : anaisdamour.com 

La naturopathie : une révélation naturelle

R-le-mag : Comment la naturopathie est-elle entrée dans votre vie ?

Anaïs : « Je suis arrivée à la naturopathie presque par hasard, sans même connaître le terme à l’époque. J’ai d’abord adopté une alimentation anti-inflammatoire, suivi des cures de plantes adaptogènes comme l’ashwagandha et pratiqué des techniques de relaxation comme la cohérence cardiaque. Rapidement, mon état s’est amélioré.

Cette expérience m’a convaincue de me former en naturopathie pour accompagner les autres. Aujourd’hui,  je suis aussi co-fondatrice de Bien-être Auto-immune (BEAI), une plateforme dédiée aux maladies auto-immunes. Je travaille aussi sur divers projets dans le domaine du bien-être et de la santé holistique. »

Retrouvez Anaïs sur Instagram : anais.damour

Un ancrage réunionnais

R-le-mag : En quoi La Réunion influence-t-elle votre approche en naturopathie ?

Anaïs : « La Réunion, c’est mes racines, ma culture, mais aussi une immense source d’inspiration. Les plantes médicinales de l’île, les habitudes santé transmises par ma mère et ma tante, ou encore les savoirs ancestraux, comme l’utilisation des ventouses, enrichissent ma pratique.

Un souvenir marquant de mon retour à l’île en 2019 illustre ce lien : en me promenant avec mon grand-père, il m’a montré une plante en m’expliquant ses vertus. À l’époque, je n’étais pas encore formée à la phytothérapie, mais cet échange m’a profondément marquée.

Nos plantes comme le curcuma, le gingembre ou encore le moringa (brède mouroum) sont des trésors. Elles s’intègrent parfaitement dans des protocoles de santé naturels. »

La psychogénéalogie, un héritage à explorer

R-le-mag : La psychogénéalogie, semble prendre une place importante dans votre travail. Pouvez-vous nous expliquer cette pratique et ce qu’elle apporte à vos clients ?

Anaïs : « La naturopathie ne se limite pas exclusivement à l’alimentation ou aux plantes. Elle englobe tout autant le bien-être physique que mental, avec un focus particulier sur le causalisme. Et une des branches de mon métier est directement liée à la recherche des causes profondes : la psychogénéalogieC’est un outil essentiel pour identifier les transmissions émotionnelles et traumatiques héritées de nos ancêtres. À La Réunion, notre histoire est empreinte de blessures liées à l’esclavage et à l’engagisme, qui peuvent laisser des traces dans nos familles. Dans mon propre arbre généalogique, j’ai découvert des histoires marquantes : des ancêtres engagés venus d’Inde et de Madagascar, ou encore un arrière-grand-oncle mort en 1918 sur un champ de bataille en France. Ces découvertes m’ont aidée à comprendre les racines émotionnelles de ma maladie. »

Conseils pour les Réunionnais

R-le-mag : Quels conseils donneriez-vous aux Réunionnais pour prendre soin de leur santé ?

Anaïs : « Reconnectez-vous à notre patrimoine naturel et culturel. Favorisez les aliments bruts et locaux : brèdes, fruits exotiques, poissons frais, achards, etc. Explorez les bienfaits de nos plantes : le curcuma pour ses propriétés anti-inflammatoires, le gingembre pour stimuler le système immunitaire, ou encore le basilic sacré pour réduire le stress.

Profitez aussi de la nature : une promenade à Grande Anse, un bain dans les cascades ou une randonnée dans les Hauts ne sont pas seulement bénéfiques pour le corps, mais aussi pour l’esprit. Enfin, prenez le temps de découvrir votre histoire familiale pour vous libérer des poids émotionnels inutiles. »

Une vision pour l’avenir

R-le-mag : Comment voyez-vous l’évolution de la naturopathie ?

Anaïs : « La naturopathie a un rôle essentiel à jouer dans la prévention des maladies. J’espère qu’elle s’intègrera davantage dans notre système de santé, en complément de la médecine conventionnelle. Il est primordial de valoriser la prévention, qui reste encore trop souvent négligée. »