L’histoire de l’esclavage à La Réunion est marquée par la souffrance et la résistance de nombreuses femmes, dont l’héritage continue de résonner dans la mémoire collective de l’île. Le 20 décembre, c’est la libération de cet état que l’on commémore. 

Ces femmes esclaves, qui ont vécu sous un régime d’oppression, ont elle aussi eu leur a jouer dans la lutte pour la liberté, tout en devant faire face à des conditions de vie extrêmement difficiles. À travers ces lignes, nous voulons rendre hommage et mettre en lumière le parcours de ces âmes courageuses qui ont marqué l’histoire de l’île, et dont l’héritage perdure aujourd’hui dans la mémoire des réunionnais.

Le rôle des femmes esclaves à La Réunion

Les femmes esclaves à La Réunion, comme dans les autres colonies françaises, étaient soumises à un régime de travail forcé, la plupart du temps dans des conditions inhumaines. Dans les plantations de canne à sucre, elles travaillaient aux côtés des hommes, mais elles étaient aussi responsables des tâches domestiques, telles que la cuisine, le nettoyage, ou encore la garde des enfants. Ajoutons à cela qu’elles étaient souvent confrontées aux abus sexuels de leurs « maîtres »… un aspect de l’esclavage particulièrement tragique que l’on passe encore trop sous silence.

Mais au-delà de cette souffrance, ces femmes ont aussi été des actrices majeures de la résistance. Par leur courage, elles ont contribué à la révolte des esclaves et à la lutte pour la liberté. Leur rôle ne se limitait pas seulement à la survie quotidienne, mais également à la préservation de la culture et des traditions africaines, malgaches et indiennes, transmises aux générations futures à travers les chants, les danses et les croyances.

Des figures féminines emblématiques de notre Histoire

Parmi les femmes les plus connues de l’époque de l’esclavage à La Réunion, on peut citer Heva, une esclave noire qui a partagé la vie d’Anchaing, un autre marron qui s’est échappé des plantations de l’île. Ensemble, ils ont mené une vie de rébellion contre le système esclavagiste qui régissait l’île à l’époque. Leur histoire a été symbolique dans les luttes des esclaves pour la liberté et la dignité humaine. Ils ont été des figures de la résistance, mais aussi des acteurs de l’histoire sociale et politique de La Réunion, en incarnant les espoirs de libération pour de nombreux esclaves à l’époque.

On peut aussi s’attarder sur l’histoire de Kalla. Kalla, une esclave africaine offerte par M. de Kérouet à sa fille Eudora, est à l’origine de la légende de Gran Mèr Kal, une figure emblématique du folklore réunionnais. D’abord compagne de jeux, Kalla devient esclave de l’habitation, partageant la vie de sa maîtresse et transmettant la culture des esclaves dans la maison des propriétaires. Elle est associée au monde de la nuit et de la perdition, sa voix, semblable à celle du fouquet, étant perçue comme annonciatrice de la mort. Sa fidélité à Eudora, même après la mort de sa maîtresse, renforce sa place dans la mythologie locale. La malédiction de Zélindor, un amant de Kalla, et sa mort tragique accentuent l’aura mystérieuse qui entoure son personnage. Elle devient alors une figure spirituelle, crainte et respectée, dont l’histoire est marquée par des rituels, des malédictions et une lutte pour la paix de son âme. Tout ce bouillon a nourri la légende de Gran Mèr Kal, qui était en réalité une femme martyr comme beaucoup avant et après elle.

Les femmes dans la mémoire collective

Aujourd’hui, ces femmes et leur combat continuent d’inspirer. La mémoire des femmes esclaves à La Réunion a été préservée à travers des monuments, des noms de rues, et des événements commémoratifs, comme le 20 décembre, journée de l’abolition de l’esclavage à La Réunion. Ce jour-là, les Réunionnais rendent hommage aux victimes de l’esclavage et célèbrent la liberté retrouvée, tout en se souvenant des luttes menées par ces femmes courageuses. La figure de l’esclave-femme à La Réunion n’est pas uniquement synonyme de soumission ou de souffrance ; elle incarne aussi la résilience, la révolte et la transmission d’une culture unique. Elle est l’expression d’une lutte qui, même après la fin de l’esclavage, continue de se manifester dans la société réunionnaise.

Les femmes esclaves à La Réunion ont fait face à des épreuves indescriptibles, mais elles ont également marqué l’histoire de l’île par leur force, leur résilience et leur volonté de résister. Aujourd’hui, il est essentiel de ne pas oublier leur héritage et de continuer à transmettre leur mémoire aux générations futures. À travers des événements comme le 20 décembre, nous honorons ces femmes et leur lutte pour la liberté et nous, nous continuons leur combat pour que nos filles connaissent une vie de pleins droits et de respect comme nous le méritons tous.